Saturday 5 November 2016

Semaine 1 du 29 Octobre au 5 novembre - Jour 3 - La Haute Cîme à partir du Lac des Mines d'Or.

C'est le plat de résistance de cette semaine. Départ du Lac des Mines d'Or - 1340M d'altitude passer par le Col de Cou redescendre sur Barme, remontée au pas de Bonavau, pas d'Ancel, Cabane de Susanfe col de Susanfe, col des Paresseux et sommet de la Haute Cîme. Une rando assez intense de plus de 40 KM avec 3000M de D+ en une journée car les refuges sont fermés. C'est aussi un gros point d'interrogation sur la faisabilité de la chose, le sommet étant enneigé mais pas trop quand même. Au cas où, j'embarque des crampons (à neige) et un piolet. Le tout avec plusieurs couches de vêtement et beaucoup d'eau (difficile de remplir la gourde en chemin et je ne m'attends pas voir beaucoup de gens de la journée). Départ donc à 5H30 des Mines d'Or: il fait encore nuit. Pour le retour je sais que je dois arriver à Barme vers 17H30 au plus tard car il fera noir à 17H30 et le chemin jusqu'à Barme est plus difficile. Une fois dépassé le hameau par contre c'est un chemin que je connais pour l'avoir parcouru l'été à pied et en VTT donc le faire à la frontale ne me poserait aucun problème.

Lac des Mines d'Or -Col de Cou - Barme
A 5H30 il fait froid c'est donc avec mes 3 couches plus une veste imperméable et coupe vent que je me mets en route. Petit arrêt au chalet de Fréterolles, tout est désert il fait noir. La ferme auberge est un endroit fantastique en été. Ils proposent des goûters absolument délicieux. C'est là que j'ai mangé la meilleure confiture aux myrtilles et leur fromage est tout simplement DELICIEUX. Mais ce n'est pas encore le moment d'y penser...

Je monte au col de Cou via les alpages, il est également possible d'y aller par la forêt (moins raide mais plus long)
   
Après une 50 aine de minutes j'y suis et le soleil commence à se lever. Petit déjeuner près de la cabane malgré le vent et le froid. Le soleil qui se lève sur les Dents du Midi vaut bien ça.


Le soleil se lève
La Cabane du Col de Cou

A 7H après un petit déjeuner with a view, je repars, direction Barme. C'est de la descente, je vais à un bon rythme pour rattraper un peu du retard pris à contempler le lever du soleil. Une fois dans le vallon qui mène à Barme avec les Dents Blanches à ma droite et les Dents du Midi en perspective, je me sens petite, et il fait froid dans cette cuvette. Je trottine pour accélérer un peu la circulation. Je supporte bien ma veste, mon polar Ternua et ma sous couche.


Arrêt aux chalet de Barme, il y fait complètement givré, il est pourtant 8H00. Il faut dire que le hameau est bien encastré dans un vallon entouré de montagnes majestueuses. Le soleil a du mal à passer. Je suis en Suisse à présent. 



La Cantine des Dents Blanches - tout est bien sur fermé. Je n'ai encore rencontré personne. Au loin j'entends les clarines d'un petit troupeau de vaches.

Je repars assez vite, après avoir bien bu. Mon sac à dos est lourd et l'attache qui garde mon piolet fixé vient de casser. Ca va être un peu de bricolage pour le garder bien droit et pour éviter qu'il me gêne lors des passages plus techniques ou engagés :-( .   Je n'aime pas quand mon matériel me lâche.

Montée vers Bonavau.:

C'est raide de nouveau, les sentiers sont givrés voire gelés ou même verglacés. J'ai rattrapé une chute in-extremis. Je me dis qu'en effet il me faut revenir à Barme vers 17H30 au plus tard parce que à cette heure là, le chemin sera très gras et à la frontale ce ne sera pas sympa du tout.  Tout d'un coup au détour d'un sentier j'entends un sifflement, je jette un regard vers le ciel, j'imagine un rapace même si le sifflement parait étrangement proche. En fait, c'est un chamois. Voici une petite vidéo mais évidemment je ne m'attendais pas à le trouver là et il faut être fort pour le voir. Il est à gauche en dessous de la barre rocheuse au dessous du groupe d'arbres roux le plus bas. C'est une tache un peu plus foncée qui bouge légèrement (malheureusement mon téléphone bouge beaucoup)






Bonavau

Arrivée au pas de Bonavau, la vue qui se déroule devant moi est à couper le souffle. Le Grand Ruan, le Petit Ruan avec le Pas D'ancel en contrebas. Impressionnant...


Je descends vers le refuge et, à ma grande surprise, il est ouvert. Je discute un peu avec un des gardiens. Il ne laisse pas planer grand doute: la Haute Cîme n'est pas faisable. Pas assez de neige pour des crampons à neige (je n'ai rien pour le terrain mixte) je pourrai aller jusqu'au col des Paresseux, mais même là il n'est pas très confiant. Les cailloux auront gelés durant la nuit et vers 13H l'heure où j'approcherai du sommet ils risquent de partir en coulée... Je décide de continuer quand même. On ne sait jamais... Direction le Pas d'Ancel.

Pas d'Ancel
 Je me trompe de chemin et me retrouve à Rossetan, un peu trop loin et un peu trop bas (les panneaux avaient été retirés). Demi-tour, et montée sur le pas d'Ancel, passage plus technique mais très bien équipé en chaînes. Nouvelle rencontre avec un chamois qui déboule effrayé droit dans la pente il passe à 5 M de moi. D'autres randonneurs descendent. C'est un moment magique de l'automne en montagne. Les randonneurs reviennent de La Haute Cîme, ils ont passé le nuit dans la salle hiver du refuge de Susanfe et atteint le Col des Paresseux sans poursuivre plus loin. Ils confirment les dires du gardien de Bonavau. Peu de chance que j'y arrive et du col de Susanfe à celui des Paresseux, ça risque d'être tendu. L'heure avance...je continue. Déjà 18 KM dans les jambes.


Vallon de Susanfe

Après le passage du Pas d'Ancel je me retrouve dans le Vallon de Susanfe. C'est de nouveau très impressionnant, la Tour Salière (autre objectif) et le Mont Ruan à ma droite portent une ombre assez effrayante. Mais ce qui est le plus frappant c'est le silence. Pas un bruit dans ce lieu écrasant. Je suppose la présence de bouquetins mais je ne les vois pas et je ne prends pas le temps de les chercher, les commentaires des randonneurs m'ont rendue un peu nerveuse, je trace. Pour la première fois depuis le matin, j'ai chaud. Je me rapproche de mon objectif et la cîme est vierge de tous nuages. Par contre je me rends compte qu'elle n'est pas assez enneigée pour mes crampons et trop pour mes chaussures. Le terrain est assez gras et je pense à mon retours. Le timing va être crucial.


 Arrivée au pied du col de Susanfe, une grosse masse noire me sépare de ce sommet que j'aurais voulu atteindre aujourd'hui. Le Col de Susanfe me révèle de nouveau un paysage grandiose mais je ne prends pas le temps de l'admirer. Il y a des bouquetins qui jouent dans la neige. Je ne prends pas le temps de les photographier. De toute façon avec mon GSM ça ne servirait à rien. Si je veux un timing décent pour le retour (qui comporte quand même deux belles montées...) je n'ai pas trop le choix. 

Je me lance dans la montée vers le col des Paresseux. Ce n'est pas facile des coulées de pierres ont en effet effacé le "chemin" (en fait une trace légère) à certains endroits c'est délicat. Des bâtons de randonnée m'auraient largement plus aidé que mon piolet. Je progresse lentement. Le col est en vue, 50 M à peine... Bientôt fini. Mais une grosse coulée me barre le chemin, je pique l'axe de mon piolet sur une plus grosse pierre je me mets en boule et et mets mon sac à dos au dessus de ma tête, c'est passé à 2 M de moi. Une pierre plus grosse a roulé sur ma main. J'ai des éraflures un peu partout et des cailloux dans mon sac et mes vêtements. Je m'assieds. J'ai eu peur, à tort à raison? J'aimerais bien ne pas être seule à cet endroit. Je décide de rebrousser chemin. La descente est plus rapide. Col de Susanfe, pas d'Ancel, Bonavau. Je dis au revoir à la Haute Cîme.

Vue sur le Mont Ruan depuis le Pas de Bonavau

De Bonavau à Barme le chemin est très boueux, gluant mais il faut y aller: l'heure tourne. Les chalets de Barme sont en vue. Je m'y arrête un instant pour boire et dernière montée, celle vers le col de Cou, avec un soleil couchant cette fois-ci.



La fin à la frontale est rapide, je connais le chemin. Au total la journée aura duré de 5H30 à 19H10, j'aurai fait environ 45 KM et presque 3000M de D+ ma montre GPS n'a pas aimé la chute de pierre et a décidé de faire grève pour le retour. Je suis déçue de ne pas avoir atteint mon objectif mais contente de ma journée très intense. Les paysages valaient l'effort et les moments magiques qui ont parsemés cette journée resteront avec moi longtemps. 

Merci à mon suiveur de la journée à qui j'ai envoyé des SMS pour la sécurité, qui m'a aussi aidé à la préparer et m'a conduit matin et soir

Merci à #itsgreatoutthere pour l'équipement vêtement, qui lui ne m'a pas lâché (contrairement à mon sac à dos :-) ) et particulièrement #ternua qui a contribué à la réussite de la journée...

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